Écologie : rouler à l’huile végétale ?
21 avril 2015
Faudrait-il généraliser l’usage des biocarburants ? Rouler à l’huile végétale…remplacer le diesel par l’huile de friture ? Si cette idée vous est déjà passée par la tête, cet article pourrait peut-être vous aider à y voir plus clair. Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls à vous questionner, le débat est engagé depuis quelques années.
Huile végétale versus diesel
Selon certains rapports et études réalisés sur le sujet, l’huile végétale présente des avantages…et des inconvénients!
Les avantages :
- Il n’y a pas d’augmentation de l’effet de serre, contrairement à la combustion d’énergie fossile qui recrache dans l’atmosphère du CO² emprisonné sous terre depuis des millions d’années
- C’est une énergie renouvelable
- Permet le recyclage de déchets en ce qui concerne l’huile usagée
« De façon générale, sans tenir compte des effets de changements d’affection des sols, les biocarburants produits en France (biodiesel et bioéthanol) affichent des bilans énergétiques et d’émissions de gaz à effet de serre plus favorables que ceux des carburants fossiles de référence (gazole et essence). » selon l’ADEME
Les inconvénients
- Les véhicules diesel ne sont pas adaptés pour rouler à 100% avec cette huile. L’installation par un garagiste d’un kit de « biocarburation » (2 réservoirs-un gazole et un huile) est nécessaire.
- Il n’y a pas moins d’émissions polluantes qu’avec un combustible fossile (Oxyde d’Azote liées à la température de combustion, imbrûlés, particules fines…)
- Une menace pour la biodiversité : pour répondre à une demande toujours croissante, de nombreux pays cherchent à accroître le plus rapidement possible les cultures, en négligeant les écosystèmes et en provoquant des déforestation massive.
Loin d’être une alternative valable à la crise pétrolière, le développement des biocarburants est donc à considérer avec la plus grande méfiance.
Selon une étude de 2010 publiée par l’ADEME, les filières présentant les meilleurs bilans (réductions supérieures à 80 % pour la consommation d’énergie non renouvelable et à 90 % pour les émissions de GES), sont les biodiesels à partir d’huiles alimentaires usagées et de graisses animales qui l’emportent.
Rouler à l’huile alimentaire usagée
A regarder de plus près le gasoil et l’huile de friture ont une composition proche. Le gasoil est de une huile minérale, composé principalement de carbone et d’hydrogène. L’huile de friture recyclée est également une chaîne de carbone et d’hydrogène mais plus longue…
Huile de friture est très peu utilisée dans le recyclage. Seulement 20% des quelques 150 000 tonnes sont réutilisés. Pourtant des associations comme Roule ma Frite et des entreprises comme Ecogras, filiale de Véolia Propreté organisent la collecte de l’huile de friture auprès de nombreux restaurateurs.
Plus économique, l’huile alimentaire usagée (HAU) ou (HVU-huile végétale usagée) est filtrée avant de pouvoir être utilisée comme carburant. Certaines usines utilisent les HAU prétraitée pour fabriquer du biodiesel. Ainsi, 1l d’huile valorisée équivaut à 3kg de CO2 de moins !
Des modifications du moteur et du circuit d’alimentation sont requises pour pouvoir rouler à 100% d’HVU.
Qui peut rouler à l’huile alimentaire usagée?
Bien que la règlementation européenne recommande l’utilisation de biocarburants depuis 2003, en France on peut rouler avec un taux d’incorporation de biodiesel à hauteur de 7% maximum (B7). Mais seuls les douaniers sont habilités à contrôler le carburant des véhicules…
Pour rouler avec du B30 (30% d’huile dans le diesel), une dérogation est nécessaire.
Seuls les agriculteurs sont autorisés à rouler à 100% à l’huile (à condition qu’ils aient produit l’huile!) et surprise…l’entreprise MartinBrower, prestataire logistique du leader de la restauration rapide dans le monde,a l’autorisation de rouler à l’huile !
Il ne faut donc pas confondre les agro-carburants avec le biodiesel issu du recyclage des huiles alimentaires.
Le recyclage des huiles alimentaires est particulièrement intéressante du point de vue de l’éco-bilan : elle n’ajoute pas de cultures supplémentaires, et évite de plus de rejeter ces huiles dans la nature.
source : fr.ekopedia.org , ademe.fr