Femmes au volant, mort aux clichés !
3 juillet 2014
« Femme au volant, mort au tournant » : reliquat poussiéreux d’une époque où les femmes étaient arbitrairement déconsidérées, la méfiance qu’inspire leur présence au volant a pourtant du mal à disparaître des esprits. Aujourd’hui, hommes et femmes ont le même droit de passer le permis de conduire et de l’utiliser, partout sauf en Arabie Saoudite où les femmes se voient toujours refuser ce droit, malgré les actions répétées de militantes.
Un permis au féminin qui fête ses 116 ans
Le premier permis français, mis en place en 1893 par Louis Lépine, était réservé aux candidats de plus de 21 ans, de sexe masculin ; mais dès 1898, la duchesse d’Uzès devient la première femme française à passer son certificat… pour obtenir deux mois plus tard sa première contravention pour excès de vitesse ! La mauvaise réputation de la gent féminine viendrait-elle de cet événement fondateur ? Il faut dire qu’à cette époque, la vitesse était limitée à 20 km/h en rase campagne, et à 12 km/h en ville. Mais jusqu’en 1914, les femmes ne se bousculent pas pour conduire : à titre d’exemple, les registres d’Ille-et-Vilaine recensent 25 demandes de permis émanant de femmes entre 1909 et 1913, contre 1 462 émises par des hommes. Les mœurs évoluent à partir de 1914, mais surtout dans les années 60. L’année 1976 marque un tournant en France, avec davantage de permis délivrés à des femmes qu’à des hommes.
Nouveau diction en perspective…
Un sondage réalisé l’an dernier par TNS Sofres pour Axa Prévention fait apparaître une série de statistiques qui tordent résolument le cou aux idées reçues. Si 34% des hommes prennent parfois le volant après deux verres d’alcool, seules 18% des femmes sont dans ce cas. Elles sont également plus conscientes des risques liés à la fatigue : seules 43% continuent à conduire délibérément en état de fatigue, contre 51% des hommes. On pourrait arguer qu’il ne s’agit là que d’attitudes, et se demander quel est leur impact réel sur les chiffres d’accidents. Il semble être positif, puisque la population féminine ne représente que 18% des conducteurs responsables d’accidents mortels, et pas plus de 26% des conducteurs à l’origine d’accidents corporels non-mortels (chiffres 2013). Pour prendre un exemple plus localisé : à Paris en 2011, sur 36 décès causés par des accidents de voitures, deux seulement l’ont été par des femmes. Il est temps de réviser le dicton en « Homme aux commandes, mortalité plus grande » .