Doit-on continuer à parler d’ « accidents » de la route ?
9 novembre 2015
Récemment posée aux Etats-Unis, la question est intéressante et mérite qu’on s’y attarde un peu. On est habitué à désigner les drames sur la route sous le terme d’ « accidents ». Est-ce pourtant le bon terme à employer ? Les collisions des véhicules sont-elles dues uniquement à un malheureux hasard ? Le mot « accident » ne fait pas appel dans notre conscience à une quelconque responsabilité. Pourtant, dans la majorité des cas, c’est un facteur humain comme la fatigue, la consommation d’alcool ou le téléphone au volant qui en est à l’origine. Petit tour d’horizon des réflexions Outre-Atlantique et en France.
Aux Etats-Unis, le terme « accident » suscite débat, car la plupart des « accidents » de la route seraient évitables
Le débat actuel sur la désignation des chocs ou des collisions mortels sur la route, a été lancé par une association new-yorkaise, « Families for safe streets ». Cette association a été créée par les parents d’un garçon âgé de 12 ans qui a été tué dans un accident de la route. Ils sont convaincus que « nos enfants ne sont pas morts dans des « accidents ». Parler d’accident revient à dire que rien n’aurait pu être fait pour éviter leurs morts ». Selon l’association, le terme d’ « accident » ne renvoie pas suffisamment à la responsabilité de l’automobiliste suite à un évènement si grave.
Ce débat a été relayé dans les réflexions plus globales sur la sécurité routière aux Etats-Unis. D’autres associations appuient la position de Families for safe streets, en invitant à utiliser des mots qui font moins penser à « la malchance ». Les « accidents » sont liés dans 90 % à une faute de comportement comme le stress au volant.
Qu’en est-il de la terminologie en France ?
Dans la presse française comme dans la presse américaine, on parle souvent, dans les titres des articles, des victimes, de l’accident lui-même ou du véhicule à l’origine du drame et très peu du responsable de l’accident ou de son comportement.
Selon Laurent Fouillé, sociologue : « Effectivement, le terme d’ « accident » semble faire référence à quelque chose d’inattendu, qui tombe du ciel. En anglais, c’est très clair, d’où le débat actuel.
En français, c’est moins connoté, qu’il laisse plus de place à l’idée de responsabilité humaine ».
Si le terme d’ « accident » de la route semble soulever moins de questions en France, rappeler plus souvent, qu’au volant, on tue et on blesse aussi, pourrait avoir un effet bénéfique pour les chiffres de la sécurité routière. En 2008, les accidents de la route étaient à l’origine de 78 % des homicides involontaires et de 95% des cas de blessures involontaires.