Pourquoi nous arrive t-il de conduire sauvagement ?
12 mai 2015
Dans un article publié dans la revue « Social Cognitive and affective neuroscience », des chercheurs de l’Université d’Illinois dirigés par Eva Telzer, ont annoncé les résultats de leur étude portant sur l’analyse du cerveau à l’adolescence.
Cette étude a été réalisée sur des simulateurs de conduites, avec des adolescents de 14 ans, seuls ou accompagnés d’un de leurs parents. Le but était de pouvoir observer les effets de la conduite sur le cerveau.
En effet, il faut savoir qu’aux Etats Unis, 70% des accidents mortels concernant des adolescents sont dus à une conduite à risque.
Une prise de risque dépendant de la présence ou de l’absence parentale
Lors de cette étude, ils ont pu démontrer que les jeunes conducteurs multipliaient la prise de risque en l’absence d’un parent : passage au feu jaune sans ralentir, pas d’arrêt lors d’un panneau STOP, augmentation de la vitesse, etc.
Le cerveau assimilerait la prise d’un risque à une récompense : à chaque acte entrainant cette notion de risque, c’est le stratum ventral qui serait stimulé grâce à un afflux sanguin très élevé.
Cette zone du cerveau serait surtout sensible et stimulée lors de l’adolescence, et beaucoup moins par la suite.
Par contre en présence d’un parent, surtout d’une mère, l’adolescent changerait de comportement car une autre partie du cerveau réagirait : le cortex préfrontal, souvent actif dans la régulation du comportement.
La psychologue Eva Telzer et son équipe indiquent dans leur étude : «Il semble que prendre des risques est moins agréable en présence de la mère. La part des choix à risque des adolescents passe de 55 % à 45 % quand la mère observe. (…) La présence de la mère réduit la nature enrichissante de la prise de risques et augmente l’activation du cortex préfrontal lors de l’adoption de comportements sécuritaires. Ces deux mécanismes aident les adolescents à réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une intersection dont le feu est jaune. La présence d’un parent affecte réellement la façon dont l’adolescent raisonne et entrevoit les risques, influençant un comportement plus sûr au volant ».
La prise de volant rendrait-elle fou ?
Selon Jean-Pascal Assailly, chercheur à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR), ce comportement ne serait pas limité aux adolescents, mais concernerait une grande partie des automobilistes.
Selon lui, le simple fait de se retrouver au volant donnerait à beaucoup de gens l’envie pressante de s’adonner à des comportements à risque comme la prise d’alcool ou de stupéfiants, la propension à griller les feux rouges ou encore l’habitude de téléphoner en conduisant.
Tout serait lié à la sensation de toute-puissance que l’on peut avoir en ayant en main un véhicule dans lequel on est isolé. Assailly qualifie même la voiture de « machine à faire régresser » et qui « assure un espace d’expression pour les innombrables frustrations de la vie quotidienne , elle joue un rôle compensatoire. »