Juillet meurtrier sur les routes et débat autour de la Sécurité Routière
Mi-août, les chiffres de la sécurité routière ont été publiés et comme depuis quelques mois, ils ne sont pas bons : + 19,2 % de morts sur les routes en juillet par rapport à l’an dernier. En effet, la courbe de la mortalité s’est inversée en 2013 et ne cesse depuis d’augmenter régulièrement. Ce sont donc 360 personnes qui sont décédées sur les routes en juillet 2015, soit 58 décès supplémentaires par rapport à l’an dernier. Pourtant, une baisse avait été constatée en juin dernier.
Une meilleure météo et des vacances en France
Les routes françaises ont été extrêmement fréquentées en juillet. Cela s’explique d’abord par un mois très ensoleillé et des épisodes de canicule. Ce temps sec et chaud a donné envie aux Français de sortir et de prendre la route. En comparaison, le mois de juillet 2014 avait été le mois le plus pluvieux en France depuis plus de 50 ans et les chiffres étaient au plus bas. De plus, le prix du carburant bas peut aussi expliquer cette fréquentation des routes.
Les Français ont donc été nombreux à prendre leurs congés sur le territoire, et donc à privilégier la voiture à l’avion ou au train.
Les deux-roues, victimes les plus touchées
Les cyclistes, piétons et motards, dont le nombre de tués avait baissé depuis 6 mois est reparti fortement à la hausse.
Les deux-roues ayant tendance à se déplacer plus facilement si le temps le permet, on été malheureusement les plus touchés par la mortalité en juillet : 105 sont morts le mois dernier, soit 57 % de plus qu’en juillet 2014.
Un manque de volonté politique de l’état ?
Au lendemain de la publication des chiffres de la sécurité routière, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est rendu à l’hôpital de Garches (92) au chevet de grand accidentés. Il y a rappelé que « derrière les chiffres il y a des drames, des personnes qui souffrent, des vies brisées et des familles dévastées. Il y a des hommes et des femmes (…) qui luttent pour se reconstruire ; et des hommes et des femmes qui leur donnent tout leur temps et tout leur professionnalisme. » Il a aussi rappelé « la totale et constante mobilisation du Gouvernement pour la sécurité routière, pour empêcher ces drames de la route qui sont inacceptables ».
[#Discours] #SécuritéRoutière : @BCazeneuve lance un appel solennel à la responsabilité http://t.co/GbAfRejMYa pic.twitter.com/bdjks32adW
— Ministère Intérieur (@Place_Beauvau) 14 Août 2015
Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, rappelle : « l’été n’est pas terminé et il convient que tout le monde se ressaisisse et adapte ses comportements. On a tous en tête un certain nombre d’accidents dramatiques qui sont intervenus cet été et il faut éviter que cela se reproduise ».
Mais du côté des associations, le discours du gouvernement ne passe pas. En effet, un rapport de l’inspection générale de l’administration a été publié par le JDD et pointe du doigt le manque de volonté politique à la tête de l’Etat. Cela fait quatre ans que le Comité Interministérielle de la sécurité routière ne s’est pas réunit et les associations réclament de nouvelles mesures, avec par exemple la généralisation de l’abaissement de la limite de vitesse maximale autorisée de 90 à 80 sur les routes secondaires. Face aux critiques le Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu’il allait réunir ses ministres sur ce thème à la fin de l’été.
Chantal Perrichon, Présidente de l’Association de la Ligue contre la violence routière, s’est exprimée sur les propos de Monsieur Barbe : « les premiers qui doivent se ressaisir, ce sont ceux qui sont dans la gouvernance de la sécurité routière, (…) qui doivent gérer un problème majeur de santé publique et qui se contentent de dire qu’il faut un sursaut de la part des usagers. (…) Ils doivent prendre des bonnes mesures, des mesures en rupture avec les mesurer passées. » Madame Perrichon dit souhaiter que le ministre de l’Intérieur travaille avec les autres ministres (de la santé, de l’éducation nationale, de la justice, de l’écologie et des transports).
Depuis leur annonce le 26 janvier par Bernard Cazeneuve, 19 des 26 mesures du plan en faveur de la sécurité routière (dont l’interdiction du kit main libre et oreillettes au volant, les radars à « double face », la baisse du taux d’alcoolémie à 0,2g/l pour les jeunes permis) sont d’ores et déjà entrées en vigueur, mais Chantal Perrichon déplore un manque de contrôles cet été.
Enfin, à savoir : sur les sept premiers mois de l’année, la mortalité routière est déjà en hausse de 3,8 %.
Sources : tf1.fr, securite-routiere.gouv.fr
Mis à jour le 24 février 2020